La tête en bas à Bâle...avec Bazelitz

Fin janvier. Fondation Beyeler. 

Dans ce bâtiment impressionnant dessiné par Piano, 1500m2 sont occupés par une centaine d'oeuvres de l'artiste allemand qui vient de souffler sa 80ème bougie : George Kern, plus connu sous le nom de George Bazelitz. L'artiste a donc eu la joie de participer à l'installation de cette grande retrospective organisée de façon chronologique. 

On reconnaît dans ce parcours son langage iconographique particulier - ses toiles de la série Héros par exemple - et évidemment marque de fabrique qui l'a rendu célèbre dans les années 80 : ses personnages à l'envers
On est aussi assez étonné de l'hétérogénéité de son travail : indépendamment du monde qui sépare ses visages Obéron de 1964 à la toile Adieu Avignon de 2017 ou à sa dernière série des Remix, il y a des toiles très différentes réalisées dans le courant de la même année. On est heureux de voir une dizaine de sculptures en bois dont la toute première réalisée pour la Biennale de Venise de 1969. 
Malgré la diversité de son travail, on retrouve des éléments de langages, des repères qui luis sont propres : 
- Un ou plusieurs personnages torturés et souvent dérangeants. 
- C'est aussi une peinture vigoureuse, rigoureuse dont le trait est épais. De la même façon, il taille le bois "à vif" (taille directe), les angles sont bruts, 
- Les thématiques récurrentes sont la mort, le couple, la vieillesse (en lisant son interview, il est dérangé par la diminution causée par la vieillesse d'ailleurs)
- Les couleurs sont franches, puissantes et les couches épaisses
C'est sûr que ce n'est pas un voyage "dans le beau" - on l'appelle d'ailleurs de l'agression figurative - mais vous ne sortirez pas indifférent : on ressent en fait le malaise et le mal-être germanique d'après-guerre, entre culpabilité et désespoir.